Traitement et collecte des biodéchets à Montpellier-Métropole

Une application de l’économie circulaire

Montpellier le 21 mars 2022

Introduction

Ce document est une contribution aux travaux de la Commission « Economie circulaire de Montpellier-Métropole (CODEV-MM) » et illustre par un exemple ce circuit d’un déchet devenu matière première : le biodéchet. Ce n’est qu’un des nombreux exemples de ce sur quoi peut déboucher le tri à la source des déchets ménagers. Il est sûr que nous n’avons pas pour objectif d’apprendre à de rares citoyens avertis à trier. Il s’adresse à ceux qui n’ont pas encore pris le virage de l’économie circulaire.

1         L’économie circulaire et les biodéchets

1.1        Le biodéchet

Les biodéchets sont les déchets biodégradables solides produits par les ménages. Ils comprennent les déchets alimentaires (épluchures et trognons de la préparation ou de restes de repas), les petits déchets verts (type fleurs fanées), l’essuie-tout, les mouchoirs en papier… Ils devraient être déposés dans le bac orange ( ?).

1.2        L’économie circulaire

Schéma de principe EcoCirc (Wikipedia)

Logo INEC

L’économie circulaire est un nouveau modèle économique à vision systémique. Les notions d’économie verte, d’économie de l’usage ou de l’économie de la fonctionnalité, de l’économie de la performance et de l’écologie industrielle font partie de l’économie circulaire. Une telle économie abolit la notion de déchet en la remplaçant par celle de ressource ou de matière première secondaire. Le déchet de l’un devient ressource de l’autre. De là découle le désir d’allonger la durée de vie et d’usage des biens. L’objectif est détaillé dans le programme « zéro déchets zéro gaspillage » plus connu sous le nom de « zero waste ». La reconversion de l’usine de méthanisation Amétyst annoncée lors de la Commission de suivi de site du 1er juillet 2021 par M. François Vasquez implique l’ouverture d’une chaîne de traitement des biodéchets (enfin !). Il annonce également vouloir faire « extraire les biodéchets de la poubelle grise », matière qu’il va falloir traiter près de la source (compostage individuel ou collectif : p.e. jardin du Père Bonnet ou autres procédés) ou collecter cette ressource de manière adéquate pour la diriger vers la nouvelle ligne de l’usine Amétyst. Provisoirement, ces biodéchets sont mis à composter sous stalles. A terme, il y a la remise en route d’au moins un méthaniseur-digesteur qui permettra d’obtenir du méthane et du compost de bonne qualité. L’objectif est la collecte est fixé entre 8.000 et 10.000 tonnes/an.

1.3        La mise en œuvre

L’expérience menée à partir du 29 janvier 2021 au square du Père Bonnet va dans le sens du traitement de la ressource proche de la production par apport volontaire. Le produit final attendu est un compost de haute-qualité sans impuretés (fragments de plastiques) destiné aux jardins partagés.

Le point de collecte semble avoir atteint sa capacité d’accueil. De quoi s’agit-il ?

2         Le compostage collectif

L’installation s’est faite dans un petit parc (angle rue Père Bonnet x rue Faubourg Figuerolles). Elle a été inaugurée le 29 janvier 2022 avec distribution de bio-seaux d’une contenance de 2 kg de matière (une semaine de collecte pour 2 personnes).

Invitation inauguration

Les trois bacs : maturation, apport, broyat végétal

Les deux bacs d’apport, les bacs de maturation et les bacs de broyat (déchets verts, BRF, à ajouter comme structurant) ont commencé à recevoir des apports rapidement. Mais le nombre d’apporteurs est limité, les deux composteurs sont presque pleins deux mois après.

L’expérience montre que les déclarations de M. Vasquez devant la CSS de l’usine de méthanisation (1er juillet 2021) peuvent effectivement changer l’ancien faux paradigme, erroné, qui considérait le tri mécanique industriel comme la panacée avec obligation de mélanger à l’usine les biodéchets triés par ailleurs « pour améliorer la qualité du digestat issu du tri mécanique » (Tout BRS). Maintenant, le but est d’alimenter les stalles de compostage qui à l’usine de méthanisation traitent maintenant les biodéchets qui étaient autrefois mélangés. Le but est d’augmenter le tonnage de biodéchets jusqu’à mise en route d’un puis de deux méthaniseurs-digesteurs (capacité 16.000 tonnes/an chacun). C’est la nouvelle filière « Bio’Métyst ».

Il faut donc épuiser le potentiel des biodéchets des quartiers de Montpellier, notamment celui du quartier de Figuerolles, en installant des points de collecte équipés de conteneurs appropriés, les compostainers. L’exploitant de l’usine Amétyst faisait état d’une entrée en 2020 de 1.753 tonnes de biodéchets issus de la métropole sur 129.000 tonnes entrantes. Nous précisons que les biodéchets proviennent essentiellement des communes périphériques de Montpellier. Il faut modifier la collecte des biodéchets si on veut développer la filière Bio’Métyst. Nous basons notre analyse sur le fait que la production de compost issu du tri mécanique-méthanisation est de 33.197 tonnes en 2020. Ce compost est inutilisé, nécessite un raffinage pour être conforme à la norme NFU 44-051, une norme très laxiste. Il convient de changer de paradigme comme l’a déclaré implicitement ou explicitement M. François Vasquez dans ses diverses interventions déclarations que l’ODAM soutient.

3         La collecte des biodéchets par compostainers

Le compostage individuel ou collectif, en milieu urbain, pose un certain nombre de problèmes techniques. Quels sont les traitements possibles.

3.1        Les différents traitements possibles

  • Composteur individuel, où ?, pourquoi ?
  • Lombricomposteur individuel, où ?, pourquoi ?
  • Vermicomposteur individuel, où ?, pourquoi ?
  • Composteur de pied d’immeuble collectif, pourquoi ?
  • Composteur collectif de jardin partagé, pourquoi ?
  • Poules consommatrices de bio-déchets, où ?, pourquoi ?
  • etc.

 

Toutes les résidences collectives ne possèdent pas les emplacements nécessaires pour implanter un composteur de pied d’immeuble. Les appartements d’immeubles la place en balcons pour installer un composteur. Si l’emplacement peut être trouvé, il faut un accès pour alimenter en broyat de bois pour structurer. Il faut aussi un espace vert pour utiliser ce compost, sinon il faut l’évacuer. Car il ne suffit pas de produire du compost, il faut en avoir l’utilisation. Sinon, il faut confier le biodéchet à une installation collective métropolitaine du type Bio’Métyst.

3.2        Collecte individuelle en bioseau

Bioseau 2022

La destination du contenu du bioseau (2 kg/semaine pour deux personnes) peut être un conteneur spécialisé sur trottoir, le compostainer. Le compostainer permet une collecte hebdomadaire, sa capacité va de 100 l à 400 l. Il peut desservir un à plusieurs immeubles et être implanté près d’un groupe d’immeubles. La destination du contenu des compostainers est l’usine Amétyst qui devient « la première station de compostage de la métropole ce qui est un grand progrès » selon M. Vasquez (1/07/2022). Ce compostage ou la méthanisation-compostage va produire un compost dont nos terres agricoles ont un grand besoin. Le compost aère les sols, les structure et capte l’humidité. Il contribue à reconstituer le complexe argilo-humique des sols agricoles. C’est ce complexe qui contribue à la fertilité des sols.

3.3        Les points d’apport volontaire

Devant le succès du composteur collectif (point d’apport collectif), il conviendrait de multiplier d’autres types de points d’apport à défaut de disposer de petits espaces verts du type « Jardin du Père Bonnet » dotés d’une association responsable supervisant le fonctionnement du dispositif car il faut absolument une surveillance et un opérateur qui remue le bas de maturation.

Vue schématique compostainer

Trois conteneurs Schäfer à Lescherolles

Il existe un type de conteneur spécifique spécialement adapté à ce type de collecte : le compostainer Schäffer que nous avions recommandé il y a plus de 10 ans lors du lancement de l’usine et de sa ligne de traitement « orange ». L’objection faite à l’époque par les services de la prévention des déchets de MMM était « ça ne marche pas », sans aucune autre explication. Nous affirmons « oui, ça marche, nous l’avons vu ailleurs en France », à Lescherolles près de Coulommiers ! Le compostainer existe en différentes capacités, de 60 à 360 litres, à roues pour le déplacement et des conteneurs pour apports volontaires. Il existe même des bacs à puces pour identifier les apporteurs et peser les apports.

Ce dernier point est important pour permettre de basculement de la Taxe d’enlèvement des ordures ménagères, taxe contestable, injuste et contestée par une Redevance sur les déchets ménagers juste et équitable, appelée par les citoyens.

Conclusion

Il faut réduire par tous les moyens l’export coûteux des déchets de la Métropole vers des exutoires lointains (décharges, incinérateurs, etc.), fortement taxés, qui grèvent le budget de notre Métropole (11 M €uros supplémentaires) et mieux utiliser les coûteuses installations (Amétyst, 135 M€uros estimés en 2021). Nous posons en principe que supprimer le mélange des biodéchets avec le reste des déchets doit réduire cette part de budget qui serait redéployé vers des activités plus utiles à la collectivité.

L’économie circulaire est un concept qui touche tous les domaines de l’activité économique face à la raréfaction des ressources naturelles et à leur renchérissement. L’obligation faite aux producteurs et aux industriels de déchets de payer des taxes sur les activités polluantes (incinération, enfouissement en décharges, etc.) oblige ceux-ci à réduire le volume de déchets (économie linéaire) pour envisager le traitement de matières premières secondaires (économie circulaire) et mettre en ouvre les moyens d’atteindre l’objectif « zéro déchets zéro gaspillage ». C’est le nouveau paradigme de Montpellier-Métropole qui se traduit par les mots en « R », dont les « 3 R » de base :

  • Recycler(recycleries, etc.),
  • Réutiliser et/ou transformer,
  • Réparer (ateliers de réparations, etc.),
  • etc.

Le sujet est ouvert, au lecteur d’inventer d’autres mots qui iront dans le sens « R ». Etc. ouvre la liste des suggestions. À vous de compléter la liste pour prévenir la production de déchets et la réduire. Derrière ces mots s’ouvrent les perspectives de nouveaux emplois d’une nouvelle économie dans notre métropole.

Raymond GIMILIO

Docteur en sciences biologiques mention écologie (USTL 1971)
Président de l’ODAM
Secrétaire du Comité de quartier « Figuerolles-Autrement »
Délégué au comité de quartier Centre
Délégué au Comité de développement Montpellier-Métropole
Ingénieur de recherches (ER) du CNRS
Ancien chargé d’études au Ministère de l’Environnement (1980-1987 et 1990-1996) détaché du CNRS




Collecte : le dispositif orange et gris de l’agglo

Nouveau logo carré

Article rédigé le 5 octobre 2008. Revu le 28 novembre 2013.

Nous désignons sous l’appellation « dispositif orange et gris », l’ensemble des conteneurs mis en place par l’Agglomération de Montpellier en vue de la collecte du fermentescible et des ordures résiduelles, au fur et à mesure que ces informations nous parviendront et que nous verrons de plus près les dispositif élémentaires qui le composent[1].

La tâche est compliquée, il faut trier autrement comme nous l’annonce le dossier des pages 23 à 26 du mensuel de l’Agglomération « Harmonie » n° 250 d’Avril 2008 (porte-parole officiel de l’Agglo) dans son article « Une nouvelle collecte : les biodéchets ». Il y a un dispositif pour l’habitat collectif et un autre pour l’habitat individuel. Nous analysons à travers les expériences menées et les résultats obtenus depuis le 1er juillet 2008, l’annonce du journal Harmonie. Un élément est commun à tous les foyers : le bio-seau. Ce seau est une petite poubelle de cuisine de 10 litres de capacité, élégante avec son couvercle orange. Elle permet « de stocker en vrac les bio-déchets dans sa cuisine avant de les jeter dans le grand bac à couvercle orange ». Avec l’introduction du tri à la source, les déchets qui allaient autrefois vers la poubelle grise sont séparés en deux fractions :

  • la fraction fermentescibles des ordures ménagères (FFOM) qui va aller dans le conteneur orange pour entrer en méthanisation directement (ou éventuellement, après déchiquetage des sacs oranges) et
  • le reste (Déchets résiduels : barquettes en alu et en plastique souillées, films plastique souillés, pots de yaourts souillés, etc) sont mis en poubelle grise, dans des sacs gris foncé qui passeront par le tri mécano-biologique (TMB) (après déchiquetage du sac, vers le TMB).

Cas de l’habitat individuel :

Les habitants des villages alentour de Montpellier ont reçu un 3e bac à déchets de 45 litres doté d’un couvercle orange dans lequel ils doivent déverser le contenu du bio-seau orange. Ce que ne dit pas Harmonie, c’est que le résultat de ce dispositif a été la réduction de la fréquence de ramassage de la poubelle grise à une fois par semaine et un passage par semaine de la poubelle orange, le samedi ou un autre jour.

Cas de l’habitat collectif [2]:

Avec le bio-seau, des sacs en plastique orange et en plastique gris ont été distribués. Le sac orange est destiné à recueillir les bio-déchets, le sac gris (ou noir) le reste. Les poubelles grises sont remplacées par des conteneurs à couvercle orange qui recevront les sacs gris et les sacs orange (pas très clair ni logique ?).

L’entrée en usine Ametyst

Le dossier nous explique que « Tous ces déchets seront collectés en porte à porte à partir de juillet et recuillis à AMETYST pour être valorisés ». Sur ce site, les sacs gris et orange seront séparés à l’aide d’une ligne de tri optique appelée système « Optibag » pour traiter d’un côté les biodéchets et de l’autre les ordures ménagères résiduelles (OMR). Mais tous connaîtront une deuxième vie grâce à la méthanisation.

« Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes », Harmonie ne l’écrit pas mais le pense très fort dans ces lignes qui concluent l’article de sa page 26. Nous allons voir qu’il n’en est rien. La canicule qui a commencé en juillet 2008 a déglingué le système. Les 13 communes qui ont ouvert le feu et les petits collectifs du quartier de Montpellier-Villages ont eu à souffrir des mouches, des guépes, des fourmis et autre insectes indésirables autant qu’affamés, selon les dires de la presse quotidienne qui a rapporté ces faits. Photo : Un conteneur de 42 litres après ripage, abandonné devant une maison dans une rue d’une commune en septembre 2008.

Conteneur Orange souillé (intérieur)

Beurk ! Son propriétaire va devoir le passer au laveur à pression.

Où est l’erreur et que se passe-t-il maintenant ?

Selon le maire d’une commune « sinistrée », les habitants ont cessé d’utiliser le conteneur orange de 42 litres et continuent, comme avant, d’alimenter une poubelle grise, sans tri, devant le refus des services techniques de l’Agglo de fournir des sacs oranges pourtant mis à disposition des habitants des petits immeubles collectifs de Montpellier. Il y a maintenant un problème de poubelle grise. Y-aurait-il un échec manifeste de cette collecte séparative qui aurait été mal conçue ?

Nous constatons que le ripage de ces conteneurs va enlever un conteneur où la décomposition méthanique malodorante et incontrôlée a commencé, mettant en danger la santé des ouvriers ripeurs (nos techniciens de surface), avec un contenu en vrac agrémenté de mouches, guèpes, fourmis et autres insectes (en route vers l’usine, les insectes !). Egalement, la prolifération des insectes dans les communes a mis en danger la santé publique et continuera à poser des problèmes dans ces lieux.

Et le sac orange ? Régle-t-il tous les problèmes ? Faut-il le généraliser ou le refuser aux habitants des communes au prétexte que les sacs coûtent cher à la collectivité ? Notre réponse est nuancée : le sac orange régle en partie celui de l’enlèvement des bio-déchets, à condition de ne pas les garder trop longtemps dans sa cuisine sous l’évier. Les déchets étant emballés, nous espérons que les ripeurs seront mieux protégés que leurs collègues agissant en habitat individuel. Le travail des employés des co-propriètés devant laver les conteneurs sera facilité.

Il subsiste un problème redoutable : l’impact des sacs en plastique à l’entrée de l’usine de méthanisation. Le tri optique va envoyer les sacs oranges[3] fermés, noués, vers un système d’ouverture automatique (par déchirage). Ce système risque de laisser passer des bouts de sacs entraînés vers les méthaniseurs. Et là, que va-t-il arriver ? Ces sacs ne sont pas biodégradables, ne sont pas fermentescibles ! Quel impact sur les méthaniseurs ?

A suivre …


[1] Le 23 septembre 2013, une enquête du magazine « La gazette des communes » nous apprenait que ce dispositif est inutile : les biodéchets collectés séparément sont réintégrés dans les ordures ménagères résiduelles (OMR) envoyées vers le Tri-mécanobiolgique-méthanisation et que l’usine ne produit plus de compost, seulement du stabilisat d’OMR et du biogaz. A quoi sert ce dispositif ?

[2] Tout l’habitat collectif de Montpellier-Agglomération n’est pas concerné. Les grands ensemble collectifs ne trient pas. Ils produisent des déchets mélangés (OMR) qui seront acheminés vers le Tri-mécanobiologique (TMB-M).

[3] Ces sacs ont été remplacés, à une date inconnue, par des sacs en plastique bio-fragmentables qui se réduisent en fines particules de plastique qui vont perdurer dans les composts !

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Le Lanceur d’alerte

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