Les PFAS chez nous, en Occitanie

Connaissez-vous les PFAS ? Ce sont les substances per-et-polyfluoroalkylées. Ce sont sont des composés organofluorés synthétiques comportant un ou plusieurs groupes fonctionnels alkyle per- ou polyfluorés. Elles contiennent au moins un groupement perfluoroalkyle, –CnF2n. Il existe probablement entre six et sept millions de PFAS. On trouve ces dangereux polluants dans le Lez, à Lattes, avec des pollutions possibles lors de son étiage. Nous communiquons ce qui suit.


Des tonnes de polluants éternels déversées dans le Rhône au sud de Lyon

Par Antoine Sillières

Publié le 17/04/2023 à 17:18, mis à jour le 18/04/2023 à 08:32

https://www.lefigaro.fr/lyon/des-tonnes-de-polluants-eternels-deversees-dans-le-rhone-au-sud-de-lyon-20230417

Un rapport de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable confirme le rejet dans le Rhône d’environ 3,5 tonnes d’eau polluée aux perfluorés à des niveaux élevés chaque année, par l’usine Arkema de Pierre-Bénite.

Commandé il y a plus d’un an, le rapport de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (Igedd) sur la pollution aux perfluorés confirme les révélations de France 2 sur l’important flux déversé par l’usine Arkema de Pierre Bénite. Environ 3,5 tonnes d’eau contenant des perfluorés de type 6:2 FTS à une concentration de 1000 à 2000 microgrammes par litre sont rejetés chaque année dans le Rhône. Des niveaux très élevés «témoignant d’une situation préoccupante», s’alarme le rapport publié vendredi 14 avril 2023.

Car ces polluants sont dits éternels en raison leur stabilité chimique, qui en fait «des substances non dégradées dans l’environnement, persistantes, mobiles et bioaccumulables». La contamination humaine et animale intervient essentiellement par la consommation d’eau, puis d’aliments ; mais aussi par l’inhalation d’air et de poussières. «Leur toxicité est encore méconnue, mais des effets nocifs et toxiques sur le métabolisme humain ont été observés pour plusieurs PFAS et leur caractère cancérigène est suspecté», selon l’Igedd.

Les poissons du Rhône impropres à la consommation

Comme les œufs, les poissons du Rhône sont donc scrutés depuis plusieurs mois. Et après une première alerte de la Direction départementale de protection des populations (DDPP) à l’été, une nouvelle étude confiée à la Fédération départementale de pêche a confirmé des concentrations élevées dans la chair des ablettes, brochets et autres sandres. Des poissons habituellement consommés et connus pour leur potentiel d’accumulation de polluants. «Ces analyses ont confirmé une pollution nettement plus forte en aval du barrage de Pierre-Bénite, dans un contexte d’imprégnation globale, observe Jean Pierre Faure, directeur technique de la Fédération. Avec des concentrations 2 à 20 fois plus élevées selon les espèces».

Et ce ne sont pas forcément les plus grands poissons les plus concernés, certains silures s’en sortent ainsi bien. «Plus le poisson grandit et moins il contient de perfluorés», précise Jean-Pierre Faure, soulignant une différence avec la pollution aux PCB des années 2010 pour laquelle l’accumulation s’accentuait au fil de la vie. «Certaines espèces arrivent à métaboliser et à excréter certains perfluorés», poursuit-il. Point de convergence avec les PCB cependant, les perturbations endocriniennes observées avec des difficultés de reproduction et des pondaisons moins abondantes par exemple.

Le port de Lyon aussi source de perfluorés

Le site de Pierre-Bénite est pointé parmi les quelques points noirs français en matière de rejets de perfluorés. La vallée de la chimie est particulièrement touchée avec la présence d’une deuxième source, l’usine Daikin, dans des concentrations bien plus réduites en raison de l’existence d’un processus de traitement relativement efficace. Une rareté aujourd’hui car s’il «existe des technologies permettant de limiter fortement les rejets industriels de PFAS», selon le rapport, «l’élimination des PFAS avant rejet dans le milieu aquatique apparaît très peu maîtrisée aujourd’hui». Ces substances résistent aux traitements en station d’épuration et l’utilisation du charbon actif ne permet que de les piéger sans les détruire.

L’Igedd précise que «d’anciens sites d’incendies à hydrocarbure où la lutte contre le feu a nécessité l’utilisation de mousses contenant des PFAS», comme Lubrizol en 2019, mais aussi le port Édouard Herriot de Lyon en 1987, sont également à l’origine de cette pollution. En plus de la demi-douzaine de commune touchée, jusque dans les cours d’écoles, autour de Pierre Bénite, le bassin-versant du Garon, plus au sud est également pollué. «Il n’y a pas d’industrie rejetant des perfluorés mais il y a une contamination, ce qui interroge sur sa provenance, questionne Jean Pierre Faure. Elle pourrait être issue du réseau d’eau potable consommée par les habitants puis rejetée dans les eaux usées, ou du réseau d’irrigation, voire des retombées atmosphériques». D’autant qu’on en retrouve jusqu’en amont dans la région maraîchère de Thurins, «avec un bruit de fond équivalent à ce qu’on trouve dans le Rhône, alors qu’il draine nettement plus de polluants».

Vigilance pour les pêcheurs en étang

La Dreal poursuit ses études à ce sujet mais on s’achemine sur une pollution d’ampleur. Sur la commune de Charly, le maire a recommandé samedi aux pêcheurs de ne pas consommer les poissons de l’étang du Virieux. Des analyses commandées au laboratoire Antea, comme d’autres villes alentour, ont montré des traces de PFAS, à des niveaux réduits. Les analyses dans l’eau potable ont déjà montré une contamination de certains points de captage. Près de 90% des stations de contrôle opérationnel des eaux de surface sont contaminés sur le bassin Rhône Méditerranée Corse, selon l’Igedd, et 9% présentent des taux élevés. Si les eaux souterraines sont moins touchées 37% des points de contrôle sont concernés, 42% en région Auvergne-Rhône-Alpes.

Un rapport de 2011 sur la pollution aux PCB notait déjà une contamination des poissons aux perfluorés de Lyon à la Méditerranée sur tout le Rhône. «Peu connus, ils ne sont devenus un sujet de préoccupation pour la communauté scientifique et les pouvoirs publics que depuis une vingtaine d’années dans le monde et plus récemment en France», retrace l’Igedd. La réglementation est encore lacunaire, puisqu’une directive européenne doit être transcrite à horizon 2026 pour l’eau potable alors qu’il n’en existe aujourd’hui aucune.

Dans une présentation récente faites aux communes du bassin lyonnais, la fédération de pêche se désespérait d’un «défaut systémique dans l’évaluation, la détection, la gestion des composés de ce type ». Et de pointer une «navigation à vue» ainsi qu’un «système d’alerte institutionnel inefficace» engendrant des «conséquences lourdes». La problématique semble désormais prise en compte, alors qu’on retrouve encore dans le Rhône des traces d’un perfluoré interdit en 2009.

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