MAERA : projet de modernisation, on nous roule

Introduction

Une enquête d’utilité publique a été ouverte le 27 juin 2019 jusqu’au 20 août 2019 par arrêté préfectoral pour « un projet de modernisation de la station des eaux usées MAERA présenté par Montpellier Métropole », soit une durée de 44 jours, en plein été, en pleines vacances ! Les association vigilantes ont réussi à persuader les autorités de prolonger la dite enquête jusqu’au 4 septembre 2019, 18 h. L’ODAM a pu, à la fin août, consulter le registre dématérialisé et son dossier et rédiger une contribution dont nous donnons la teneur ci-dessous. Le Président de l’ODAM a rencontré les commissaires enquêteurs le 4 septembre de 9h15 à 10h15 pour un échange cordial et constructif. Nous espérons avoir été écoutés et entendus.

Contribution de l’ODAM

Montpellier le 2 septembre 2019

 EUP modernisation Maera

 Objet : « Projet de modernisation de la station de traitement des eaux usées MAERA, sur la commune de Lattes, lieu dit la Céreirède, au profit de Montpellier Méditerranée Métropole » (arrêté préfectoral n°2019-I-743 du 17 juin 2019).

 Nous sommes solidaires de tous ceux qui ont protesté sur la date de tenue de l’enquête pendant le début de l’été et des vacances, nous sommes gré de la prolongation au 4 septembre. Sans cette prolongation, l’enquête aurait pu être interprétée comme une tentative de « passage en force » dont Montpellier-Méditerranée-Métropole nous a déjà habitués dans le passé, pour d’autres aménagements aujourd’hui controversés.

 Il s’agit de donner un avis sur l’utilité publique du projet de Montpellier-Méditerranée-Métropole qui présente un « projet de modernisation de la station de traitement des eaux usées [STEP] Maera ». S’agit-il vraiment de « moderniser » cette STEP qui dessert à l’heure actuelle 14 communes de la métropole et 5 hors-métropole ?

 Préambule

 Le concept de modernisation est totalement différent de celui d’extension. Il ne s’agit pas de la même chose. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. » écrivait Albert Camus (L’homme debout, Edition II).

Nous déclarons que l’eau usée, certes, est un déchet mais un déchet précieux qu’il convient de recycler, de récupérer et d’épurer correctement en vue de sa réutilisation en eau douce à toutes les fins agricoles. Les exutoires fluvial (Le Lez) ou marin (golfe du Lion-golfe d’Aigues-Mortes), tel qu’il fonctionnent depuis 1965, sont une dangereuse hérésie, un crime contre l’environnement. En 2005, se tenait une conférence publique (28/04/2005, Montpellier) dénonçant la conception de la nouvelle usine qui allait s’ériger sur le site de la Cérereide obsolète (rejetant dans le Lez depuis 1965). Cette « usine pilote », selon l’expression de son promoteur, allait remplacer la Cérereide, mais en améliorant le traitement et en déportant la pollution du Lez dans le golfe d’Aigues-Mortes, à 11 km au large de Palavas, par un émissaire de 20 km dont 11 en mer. Le débit du rejet prévu est de 130.000 m3/jour (soit environ 1,5 m3/s). Ce contre quoi ont protesté à l’époque les associations de défense de l’environnement, notamment celles de la baie d’Aigues-Mortes ou des communes riveraines du Golfe. Une protestation contre la composition des effluents prétendument traités à 95% :

  • des MEST[1] (matières en suspension : 3,5 t/jour de MEST),
  • des DBO[2] et des DCO[3] (ces deux derniers appauvrissent le milieu en oxygène),
  • plus des ions de composés d’azote, phosphore,
  • des médicaments humains rejetés avec les selles, certains radioactifs,
  • des PCB, etc.
  • sans compter une impressionnante quantité de germes coliformes !

 Le taux d’épuration justifiait, selon Montpellier-Agglomération et un avis de 1996 d’un « comité national d’hygiène » approuvant un rejet en mer, au large, avec comme excuse supplémentaires qu’un courant dit « Ligure » allait balayer ces substances et les diluer dans la grande masse de l’eau de la Méditerranée, affirmation justifiant ce que nous qualifions comme « atteinte grave contre l’environnement », dans la mer la plus polluée du monde, souffrant de la pollution de toutes les grandes métropoles françaises riveraines comme de celles étrangères (celles du sud-est en particulier). L’influence de ce courant Ligure n’aurait jamais été scientifiquement démontrée comme du reste, l’effet de dilution de la pollution rejetée.

 Nous sommes solidaires des communes situées à l’est de Palavas, qui n’ont pas été associées comme partie prenante dans l’élaboration de l’enquête, au prétexte qu’elles appartiennent à un département voisin. Un écosystème peut recouvrir plusieurs divisions administratives, l’écosystème du golfe du Lion et de la baie d’Aigues-Mortes ne peut être réduit à sa partie faisant face à l’Hérault, ce qui n’est pas naturel. Les limites administratives ne constituent en aucune façon une barrière anti-pollution : la pollution est trans-frontières, encore plus s’agissant de la mer ! La compétence se devait d’être étendue à tout l’écosystème, au moins à l’est de la Grande-Motte et à l’ouest de Palavas.

        L’émissaire en mer (coût = 65 Millions d’€uros)

 Le 16 novembre 2018, s’est produit un incident survenu sur l’émissaire, exutoire en mer de Maera : une rupture de la canalisation au lieu dit « les 4 canaux » à Palavas dont aucun média n’a rendu compte mais qui a fait l’objet d’un constat d’huissier de justice. Les effluents seront pompés de la fouille de dégagement et sont déversés dans l’étang du Prévost, tout le temps que dureront les travaux de réparation de la fuite. Cette réparation s’est faite par un « sanglage » (provisoire ?). Cet incident à lui seul montre la dangerosité du dispositif de rejet en mer chaudement recommandé en … en 1996 ! Depuis, la science a fait des progrès notamment sur le devenir des polluants en mer et sur l’état de la mer méditerranée, mer fermée, eutrophisée et très polluée ! Les nouvelles règles européennes sont là, il faut en tenir compte (Fondation Ellen Mac Arthur).

 Les traités scientifiques nous disent que l’hydrogène sulfuré qui est contenu dans les tuyaux d’égoûts des réseaux d’assainissement corrodent le béton, l’acier, la fonte. La question se pose sur l’efficacité des dispositifs de désulfuration à la sortie de Maera ? Or, les riverains savent combien ce composé est présent dans les eaux qui empruntent l’émissaire (odeurs méphitiques constatées là où sont placés des évents de cette canalisation. Il y a eu une première manifestation le 16 novembre 2018, combien de microfuites le long des 20 km de cette canalisation ? Les microfuites évoluent et un jour, comme ce 16 novembre 2018, ça casse !

 L’émissaire en mer a coûté cher, mais il faudra dans un premier temps stopper progressivement son utilisation (il semble corrodé et le public ignore à quel point). Il faut envisager une vraie modernisation de la STEP Maera pour en faire une vraie station de traitement rejetant, quelles que soient les circonstances météorologiques, de l’eau de qualité baignade dans le milieu naturel. Où devra se faire le rejet ? Dans le Lez pour permettre l’étiage de ce fleuve. Ou en réutilisant une partie du conduit pour amener les eaux vers des jardins filtrants proches du trajet, là où il y a du foncier disponible. Il faut également mettre en place un système d’eau d’irrigation agricole (le Gard est actuellement, au 26 août 2019, en période de sécheresse, de stress hydrique, pénurie d’eau d’irrigation). L’Hérault ne saurait tarder, la pluie n’est pas au programme avant dux semaines. L’étiage du Lez est maintenu par un apport d’eau du Rhône amené par le Canal « Philippe Lamour » (BRL) qui traverse le Gard assoiffé et une partie de l’Hérault. Cet étiage est nécessaire pour compenser le prélèvement d’eau potable dans la nappe souterraine de la source du Lez. On oblige bien des agriculteurs à cesser leurs prélèvements, pourquoi pas cesser la compensation de l’étiage du Lez avec l’eau du Rhône ?

 Par ailleurs, nous n’avons cessé de dénoncer l’insouciance des autorités locales (assemblée délibérante des communes et agglo-métropole confondues) qui ont accepté que l’eau sortant de Maera ne soit pas débarrassée de sa charge bactériennne-virale et soit insuffisamment traitée (il manque des rampes de lampes à rayons ultra-violets, une chloration appropriée, etc. : une dépense mineure ?) : la seule protection réside actuellement sur l’interdiction de toute pêche et de toute plongée autour de la sortie de l’émissaire et récemment la suspension administrative d’une conchyliculture impactée. L’eau salée n’est nullement un désinfectant pour les bactéries (coliformes, entérocoques, etc.). Ces bacilles sont censés vivre en mer plus que les 3 jours qu’on leur prête et peuvent revenir vers la côte en cas de vents marins. Les conchyliculteurs apprécieront (dont nous apprenons le préjudice qu’ils ont subi !). Ces bacilles en contact avec les résidus d’antibiotiques des effluents peuvent voir leur dangerosité accrue (piste à suivre). Car, là est le problème de mélange des eaux de l’émissaire peu salées et à faible densité avec l’eau de mer salée et à plus forte densité. L’agitation créée par les « becs de canard » du tronçon terminal en mer tente ce mélange mais l’eau douce remonte en surface et peut suivre les vents soufflant vers la terre, ramenant à la côte des bacilles peu moribonds.

 Au modèle Maera, notre association n’a cessé d’opposer le modèle de STEU utilisée par l’agglomération de Caen-la-Mer qui rejette depuis plus de 15 ans, dans l’estuaire de l’Orne, des eaux de qualité baignade correctement traitées, filtrées en finale par des jardins végétaux filtrants de plantes à rhizomes capables de ce travail d’épuration. Montpellier-Méditerranée-Métropole n’a jamais voulu entendre raison sur cette solution. Et, cerise sur le gâteau, on nous propose l’augmentation de la capacité de traitement avec, à terme, une augmentation des déversements en mer via un émissaire dont nous doutons de l’étanchéité.

Conclusion partielle : la modernisation envisagée de Maera semble ignorer les exigences de protection du milieu marin méditerranéen contre toute pollution. Elle est hors de propos avec l’exigence de récupération et réutilisation de l’eau : 130.000 m3/jour en pure perte déversés en mer alors que cette eau pourrait renforcer l’étiage du Lez et servir à l’agriculture. Ceci n’est pas pris en compte dans les documents de l’enquête. Montpellier-Méditerranée-Métropole rejette cette éventualité dans le document « Projet de … : Bilan de la concertation préalable (sd [2018]).

         Extension ou modernisation ?

Nous affirmons, à la lecture des dossiers, que le véritable objet de Montpellier-Méditerranée-Métropole n’est pas une modernisation mais une actualisation, réactualisation et extension ave une augmentation de la capacité de traitement de 40% de la capacité actuelle en vue de satisfaire une augmentation de population permanente hypothétique et provoquée sciemment. Depuis ses débuts (Cérereide en 1965), le promoteur (Montpellier … district, agglo, métropole) a visé, au prix de travaux pharaoniques, année après année, à fermer des stations communales (au lieu de les moderniser localement) et à proposer voire imposer  des raccordements à Maera en s’attribuant « la compétence assainissement », même à des communes d’autres agglomérations (cinq communes sont hors-métropole : Palavas, p.e.). Cette politique de grands travaux inutiles s’oppose au principe de subsidiarité des traitements de déchets, traitement au plus près du lieu de production. Il existe au nord de Montpellier une station communale exemplaire (Vailhauqués), conçue sur des bases écologiques, utilisant des vers de terre comme agents actifs et déversant ses effluents bien épurés dans la Mosson (le maire de Vailhauqués est un scientifique soucieux du milieu naturel, pas un juriste spécialiste des conflits à venir).

 L’extension envisagée (40%) émerge, quand on lit les informations enfouies dans un dossier technique d’un volume monstrueux et quand on détient, depuis 1965, l’historique de Maera-Cérereide : au lieu d’une modernisation, on nous cache essentiellement une réactualisation et une extension. Alors que dans la situation actuelle c’est moins de 400.000 équivalents-habitants (EH) qui y sont connectés, la lecture des dossiers fait état « d’une capacité de 470.000 EH qui serait portée à 660.000 EH », ce qui prouve qu’il s’agit bien d’une extension (augmentation de la capacité de traitement d’un tiers, c’est à dire plus 190.000 EH (+40%). Pourquoi une telle augmentation ?) à laquelle il faut ajouter, à la marge, rénovation et modernisation. Maera fait suite a un échec écologique, environnemental, financier et de conception de sa précédente rénovation, laquelle ne remonte pas à plus de 12 ans. On joue sur les mots, on commet un grossier abus de langage, dans un dossier de plusieurs centaines de pages, une inflation technologique qui a pour but de noyer le citoyen sous un fatras technique, en l’abusant sur le travail de modernisation que nous n’avons cessé de préconiser depuis 12 ans au fil de nos observations lors des visites que nous avons pu faire ou sur notre site Internet (https://www.odam.fr). Ces observations ont été relayées au fil des réunions d’une Commission de suivi de site à laquelle les autorités nous ont, avec constance, refusé toute participation, nos observations ayant déplu à la communauté territoriale concernée malgré leur pertinence. Nous défendons l’intérêt général, nous ne réglons pas des comptes, même si cela déplait aux dépensocrates.

 De surcroît, l’extension prévue se fait dans une zone dont le caractère inondable ou non-inondable fait l’objet de controverses.

Augmenter la capacité de traitement de 470.000 EH à 660.000 n’en fera pas pour autant une meilleure station, elle pourrait même être pire dans son impact sur le milieu naturel. Les effluents transitant par un émissaire, dont l’étanchéité est douteuse, vont augmenter. C’est loin d’être un exemple de vertu écologique avec toutes les problématiques centrées sur une même station plus importante en cas de dysfonctionnement.

        L’État sanitaire du milieu naturel à l’aval de Maéra

Le document de réponse aux remarques de l’autorité environnementale (AE) met l’accent sur l’amélioration de l’état sanitaire environnemental du milieu naturel notamment des espaces lagunaires situés de part et d’autre du Lez et Palavas. Lors de la mise en service de la nouvelle Cérereide ou Maera (la rolls-royce des STEP ou « une station pilote » disait-on à l’Agglo), il est clair que le fait de ne plus rejeter d’effluents dans le Lez d’où ils gagnaient les étangs, a assaini considérablement le fleuve après une situation catastrophique. Pour les étangs saturés d’apports polluants, l’évolution a été plus lente à venir. Mais l’alibi du rejet en mer à 12 km par l’émissaire a permis l’envoi d’une partie de la pollution (5%) dans une mer qui n’en a pas besoin avec des désordres et des dysfonctionnements non immédiatement visibles rapidement et qui constituent autant de causes cachées de problèmes environnementaux graves à venir.

 D’autre part, on a l’impression, à la lecture des documents de l’enquête que l’amélioration de l’environnement de la zone lagunaire est un objectif encore à atteindre ! Pourquoi cet état de fait dont l’incident-accident du 16 septembre 2018 aux 4 Chemins, soigneusement dissimulé, ne serait que la partie visible d’un iceberg fait d’une cascade de micro-fuites invisibles provoquée par une corrosion invisible ?

La traversée d’un des étangs dans une zone vaseuse instable et à caractère oxydant n’est pas faite pour mettre le tube à l’abri de la corrosion extérieure, ce qui est loin de nous rassurer sur l’intégrité générale du conduit.

        Le problème des crues et des épisodes cévennols

Un des problèmes que Montpellier-Méditerranée-Métropole propose de régler est celui des forts épisodes pluviométriques (épisodes cévenols ou méditerranéens) qui surviennent en automne-hiver-printemps. Les pluies orographiques se propagent rapidement vers la plaine créant des inondations (on connaît historiquement les crues du Verdanson, affluent du Lez). A la forte quantité d’eau qui tombe s’ajoute un fort ruissellement qui est aggravé par l’imperméabilisation des sols. Les immeubles et leurs parkings font dévaler, depuis les hauteurs de Montpellier et des Cévennes-Causses, des quantités d’eau qui convergent vers Lattes (Negue-Cats, Lez, Mosson, Verdanson, etc.). La partie de l’eau qui s’engouffre dans le vieux réseau unitaire d’égouts arrive en trombe sur Maera malgré le bassin régulateur (insuffisant ) de crues des Aiguerelles. Maera ouvre les « by-pass » et les eaux grises-noires passent dans le Lez proche avec leur charge brute de polluants. Ce phénomène a été longtemps caché au public alors que nous l’avons toujours révélé à la suite d’une visite de la STEP.

On nous affirme que les aménagement prévus vont diminuer les rejets par by-pass, on ne nous affirme aucunement qu’ils seront nuls. Les risques ne tiennent pas compte du changement climatique et de la montée des eaux des océans, montée à laquelle la Méditerranée n’est pas à l’abri.

Un second phénomène se produit lors des épisodes cévenols : les fortes marées qui bloquent l’évacuation des eaux by-passées dans le Lez. Les vents marins soufflant vers la terre ramènent la pollution vers les étangs. Que va faire la Métropole ? La pollution par les coliformes et entérocoques (et les virus ?) rejetés en mer remonte dans des bulles d’eau « douce » et revient vers la terre, vers le lido de Palavas et des communes voisines en moins de 3 heures. Ce ne sont pas 12 km parcourus depuis la sortie de l’émissaire en mer, parcourus en moins de 3 heures, qui suffiront à tuer les germes, n’en déplaise à la Commission nationale d’hygiène de 1996 et à Montpellier-Méditerranée-Métropole.

Nous finirons en rappelant l’existence de la « Directive Cadre Stratégie pour le Milieu marin » (2008/56/CE, DCSMM), directive qui préconise « une mer saine, propre et productive, un bon fonctionnement des écosystèmes marins et un usage durable des biens et services associés. ». Tout le contraire de l’innocuité prétendue des rejets en mer d’eaux chargées de bacilles et de virus.

Notre avis final est contre, résolument défavorable à l’extension telle qu’elle nous est proposée (qui laisse de toutes façons Maera avec ses défauts) et ne permet pas de supprimer la totalité des dysfonctionnements et des pollutions, à la fois en mer et dans le Lez : une réalisation industrielle incomplète, ignorant tout de l’écologie, dans une région où la préservation du milieu naturel et de la Méditerranée est une richesse touristique importante qu’il convient de préserver.

Aucune alternative à cet unique projet d’extension n’a été portée à la connaissance du public (et à la nôtre) alors que nous estimons que la meilleure réponse serait la création d’une à deux STEU, l’une au nord-est, l’autre au nord-ouest d’une capacité de 50.000 EH chacune, extensibles à 100.000 (regroupement de villes à proximité) avec récupération des phosphates, le recyclage et la réutilisation des eaux, là où le besoin existe à proximité.

 La mer Méditerranée n’a pas besoin d’un apport d’eau dite « douce » polluée, contaminée, alors que l’arrière pays aura de plus en plus besoin d’eau recyclée convenablement et ce, afin d’épargner des ressources en eau souterraines de qualité dont certaines ont été compromises par des décharges d’ordures ménagères prétendument non-dangereuses (ISDND Castries, entre autres, résultat de la politique des déchets de cette même Montpellier-Méditerranée-Métropole).

 Le défi du changement climatique et des stress hydriques qui en sont la conséquence ne sont pas des phénomènes situés dans des pays lointains et exotiques. La montée des eaux dans la plaine littorale au sud de Montpellier progresse insidieusement. Ces phénomènes sont là, à notre porte, chez nous, « aquí », sur la côte languedocienne. Il convient de faire le pas et d’arrêter le désastre qui s’annonce.

 Sur la forme du dossier, nous faisons remarquer que Montpellier-Méditerranée-Métropole se prévaut de nombreuses dérogations à des dispositions destinées, pour certaines, à protéger l’environnement. Nous soulignons qu’alors cela voudra dire qu’on aura violé toutes les réglementations au profit de dérogations. Les responsabilités des décideurs seront engagées devant les générations actuelles et futures.

Le projet de modernisation de Maéra doit être rejeté et/ou ré-écrit avec un changement complet de paradigme tenant compte de l’évolution des connaissances scientifiques sur le milieu marin, lagunaire et fluvial. La présence de zones naturelles reconnues (ZNIEFF, RAMSAR, etc.) n’est pas à fouler au pied ! Des activités économiques de pêche et de conchyliculture sont impactées, toutes proches comme celles éloignées.

Il se trouve que l’Université de Montpellier enseigne l’écologie tant marine que terrestre depuis plus d’un demi-siècle, adossée à de grands organismes de recherche tant nationaux qu’internationaux (CNRS, IFREMER, INRA, CIRAD, INSERM, etc) : cette excellence vient d’être reconnue en 2019 par une première place au classement dit « de Shangaï ».

Raymond GIMILIO
Président de l’ODAM
Certifié és Chimie
Docteur en sciences biologique mention écologie
Ancien chargé d’études de haut-niveau au ministère de l’environnement (1980-1996)
Ingénieur de recherches (ER) du CNRS
Chevalier du mérite agricole (2015)

 


[1] Matières en suspension transportées : MEST

[2] matières caractèrisées par leur demande biologique en oxygène : DBO

[3] idem demande chimique en oxygène : DCO

Complément et erratum

Montpellier le 3 septembre 2019

EUP modernisation Maera

complément

 Objet : « Projet de modernisation de la station de traitement des eaux usées MAERA, sur la commune de Lattes, lieu dit la Céreirède, au profit de Montpellier Méditerranée Métropole » (arrêté préfectoral n°2019-I-743 du 17 juin 2019).

  1.         Erratum

 Le présent document apporte quelques corrections au précédent document versé le 2 septembre. La « commission d’hygiène et de sécurité etc. » dont il est question page 5 doit être remplacée par « Conseil supérieur d’hygiène publique de France qui a émis une prescription en 1994 ».

  1.         Complément d’avis sur le dossier

 Nous attirons l’attention des Commissaires Enquêteurs sur l’avis formulé par l’Autorité Environnementale, formation d’autorité du Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable, nous citons :

 « Cet avis porte sur la qualité de l’étude d’impact présentée par le maître d’ouvrage et sur la prise en compte de l’environnement par le projet. Il vise à permettre d’améliorer sa conception, ainsi que l’information du public et sa participation à l’élaboration des décisions qui s’y rapportent. L’avis ne lui est ni favorable, ni défavorable et ne porte pas sur son opportunité. La décision de l’autorité compétente qui autorise le pétitionnaire ou le maître d’ouvrage à réaliser le projet prend en considération cet avis. Une synthèse des consultations opérées est rendue publique avec la décision d’octroi ou de refus d’autorisation du projet (article L. 122­1­1 du code de l’environnement). En cas d’octroi, l’autorité décisionnaire communique à l’autorité environnementale le ou les bilans des suivis, lui permettant de vérifier le degré d’efficacité et la pérennité des prescriptions, mesures et caractéristiques (article R. 122­13 du code de l’environnement). »

 C’est un avis mitigé, en tête d’un document de 30 pages daté du 23 janvier 2019. L’autorité s’est déplacée à Montpellier et à Lattes dans la plus grande discrétion médiatique. Le document est clair, facile à lire. Il comporte une synthèse qui recommande des études complémentaires sur :

  • Les scénarios de non-débordement,
  • L’absence de surverse pour les pluies mensuelles, y compris en saison touristique (apport de population),
  • La réalisation d’une première analyse de risques des raccordements de nouvelles installations, etc.

L’avis détaillé met en exergue la surcharge hydraulique de la STEU Maera actuelle, les prévisions d’augmentation de la population, etc.

 Nous avons relevé (page 6) les quantités de polluants reçus, il conviendrait d’appliquer un coefficient de 5% pour calculer ce qui est rejeté après abattement, en mer, via l’émissaire. Par exemple pour 32 t/j de MES, ce seraient 1,60 t/jour qui emprunteraient l’émissaire, 28 t/j de DBO5 ce seraient 1,40 t/jour qui seraient rejeté au large, etc. Ces chiffres sont loin d’être anodins et justifieraient une obligation absolue de rejet d’eaux claires, sans MES, DCO, DBO5, etc., une eau récupérable et recyclables qui se perd actuellement en mer via un émissaire qui a coûté le bagatelle de 65 M€. Nous mettons toujours en parallèle la STEU de Caen-la-Mer (capacité comparable) qui rejette à travers des jardins filtrants, ces jardins qui semblent mal connus et mal appréciés par 3M (Montpellier-Méditerranée-Métropole). Ce sont des tonnes par jour qu’on enverrait au large se diluer dans la mer ?

 Nous avons apprécié la réponse de 3M : un pavé d’environ 258 pages supplémentaires et nécessaires, qui auraient dû éclairer le public dès le début des premières concertations en 2018.

 Le résumé non-technique aurait dû venir en tête des documents du projet. Comment ne pas s’étonner que, devant les pavés indigestes et incompréhensibles pour le commun des mortels, le grand public des citoyens, dans une ville qui affichait son désir de démocratie participative ou de démocratie de proximité, les premières enquêtes et les réunions de concertation aient attiré si peu de participants et aient si peu motivé les médias ? A l’exception de riverains lésés ou d’associations motivées ? Car il faut avoir du temps disponible et des connaissances techniques solides pour digèrer le pavé des documents soumis à l’enquête.

 Le citoyen de base est-il conscient, devant son évier ou sa cuvette des WC, que commence le rivage de la mer Méditerranée, chez lui ? « Ici commence le rivage ». Les tuyaux qui partent de son logement aboutissent dans le golfe d’Aigues-Mortes, au large de Palavas, à 30 m de profondeur, via la STEU.

  

Raymond GIMILIO
Président de l’ODAM
Docteur en sciences biologique mention écologie
Ancien chargé d’études de haut-niveau au ministère de l’environnement (1980-1996)
Ingénieur de recherches (ER) du CNRS
Chevalier du mérite agricole (2015)

cropped-logo-fond-bleu-clair-1.jpg

Le webmaster

Raymond  GIMILIO

sego4-150x150




Une nouvelle politique des déchets de la Métropole ?


Le quotidien Midi-Libre du 22 septembre (page 3) consacre une longue interview à M. François Vasqquez, nouveau conseiller municipal de Montpellier, vice-Président délégué à la Collecte, à la valorisation des déchets et à la politique de Zéro déchet. L’hebdomadaire La Gazette du 17-23 septembre lui consacre une colonne (page 12) sur les deux pages qu’il consacre aux déchets en général.
François a combattu longtemps à nos côtés, il est des nôtres. La politique des déchets qu’il expose est vertueuse. Nous lui apportons notre soutien, sans réserves. Il a été porte-parole de l’Association des Riverains de Garosud (quartier où est situé Amétyst la « belle » qui nous a coûté si cher et continue à le faire). Ses interventions de bon sens à la Commission de Suivi de site (CSS) de l’usine Amétyst ont été pleines de bon sens. Il a défendu l’Association des Riverains face à une métropole autiste et une administration préfectorale dont le principal souci était de ne pas froisser le précédent maître de la commune et de la métropole, même pour faire appliquer la loi. Les temps ont changé.
Quand nous avons créé le CIDES34, il en a été un des porte-paroles. Il ne l’est plus, comme il n’est plus celui des Riverains. Une nouvelle CSS est en cours d’installation. La nouvelle politique de tri des déchets à la source et de réduction des déchets est en marche, nous l’accompagnons. Avec votre aide, citoyens de Montpellier et de sa métropole
cropped-logo-fond-bleu-clair-1.jpg

Le président

Raymond  GIMILIO

sego4-150x150




Nous avons franchi un pas important

Nouveau logo carré

Notre ami François Vasquez élu au Conseil Municipal sur la liste du Maire

Lors des élections municipales, notre ami François Vasquez, compagnon de route de notre lutte pour un traitement vertueux des déchets, a été ELU sur la liste de M. Michaël Delafosse, nouveau maire de Montpellier. Nous avons soigneusement évité de lancer un COCORICO de victoire, nous attendions la suite.

Hier, 24 juillet 2020, la quotidien Midi-Libre (P. 7) publiait la liste des « élus clés de la Métropole » de Montpellier, lesquels vont assister le Président Mickaël Delafosse élu le 20 juin dernier. François est Vice-Président « délégué à la Collecte, au Tri, à la Valorisation des déchets et à la Politique zéro déchet.» C’est  une victoire de l’ODAM et des associations amies dont l’Association des Riverains de Garosud (riverains de l’Usine Amétyst) et les associations unies au sein du CIDES34. Enfin, les réunions des Commissions de suivi de site (CSS) des ISDND de Montpellier-Métropole vont changer de tonalité. Les arrogants ex-représentants de la Métropole dans ces CSS vont cesser leurs arrogantes et impertinentes répliques. Il y a changement de paradigme. Collecte, tri à la source, valorisation des déchets vont collaborer  en vue de l’objectif Zéro-Déchets. On ne va plus faire semblant, on va faire !

Mais qui est François Vasquez ? Un modeste kinésithérapeute habitant dans le quartier jouxtant les Grisettes. Sa modestie naturelle n’a d’égale que sa grande compétence dans la science du traitement des déchets : un rudologue, un des nôtres. Il a été porte-parole de l’Association des Riverains de Garosud (riverains de l’usine Amétyst) et porte-parole du Collectif CIDES34. Il était un interlocuteur redouté des membres représentants la Métropole à la CSS d’Amétyst et du sous-préfet qui la présidait. Il est maintenant le chef de ces représentants et traitera d’égal à égal avec le sous-préfet. Il a d’ailleurs suivi les conseils de celui qui lui recommandait de se faire ELIRE. C’est fait !

L’ODAM est statutairement un « bureau d’études citoyen ». Il est prêt à reprendre la brève collaboration avec la Métropole, collaboration rompue après que nous ayons, au nom de la défense de l’Environnement, refusé d’avaliser la politique des prédécesseurs qui nous lèguent une situation catastrophique et en contradiction avec les lois de Transition Écologique et Énergétique. Les mauvais conseillers de ces prédécesseurs ont été naguère mis en garde. Les industriels n’imposeront plus leurs solutions et nous espérons que les sages des Cours des Comptes (régionale comme nationale) n’auront plus d’objet à reprocher.

Raymond GIMILIO
Président de l’ODAM
Docteur en Sciences Biologiques
Ancien chargé d’études de Haut-Niveau au Ministère de l’Environnement
Ingénieur de Recherches (ER) du CNRS

cropped-logo-fond-bleu-clair-1.jpg

Le président

Raymond  GIMILIO

sego4-150x150




La Convention Citoyenne pour le Climat

Nous prions nos aimables visiteurs et lecteurs de bien vouloir nous excuser si les liens ne fonctionent pas s’agissant de documents anciens.

Merci de votre compréhension

Nouveau logo carré

Info

La Convention Citoyenne pour le Climat (CCC)

La Convention Citoyenne pour le Climat (CCC), anciennement Convention citoyenne pour la transition écologique, a été constituée en octobre 2019 avec 150 citoyens tirés au sort.  Ils ont éé constitués en assemblée de citoyens, appelés à formuler des propositions pour lutter contre le réchauffement climatique. Vous trouverez sur le site Wikipedia l’historique de cette Convention arrachée de haute lutte à un pouvoir dirigé par un Président de la République qui semble ignorer beaucoup de choses en matière de défense de l’Environnement et en Écologie, en particulier.

Historique selon l’ODAM

L’ODAM (Observatoire des Déchets, de l’Environnement et de la Santé fondé en décembre 2004) n’a jamais approuvé les méthodes de mal-traitement des déchets et des eaux usées pratiquées par les collectivités territoriales de l’Hérault et, en particulier, celles de l’Agglo-Métropole de Montpellier. Nous sommes en 2020, il y a eu le Grenelle Citoyen des Urgences Environnementales du Languedoc-Roussillon, un contre-Grenelle officiel qui s’est tenu à Montpellier (3 jours, ouverture le 21 septembre 2007) dans le Grand Amphithéatre Malassis d’AGROPOLIS, au grand dam de feu Georges Frèche qui prétendait nous en empêcher. Merci à nos amis de Tela Botanica d’avoir conservé la mémoire de cet évênement. Voyez le site.

Vous pouvez télécharger ici

Ces documents font foi car ils attestent de ce que nous avions fait grâce à nos amis d’Ecoforum (Marseille) et de l’aide inestimable que nous avait apportée feu le regretté docteur Jean-François Armogathe et Victor-Hugo Spinoza. Nous n’avions pas attendu, il y a 13 ans de celà pour soulever les problèmes d’environnement qu’a semblé redécouvrir la CCC de 2019. Simplement, nos Préfets successifs semblent avoir oublié qu’après le GCUELR, il y a eu le Grenelle Régional du Languedoc-Roussillon à Perpignan où nous avons été officiellement invités et où nous avions entendu une salles entière huer le Président de la Région, feu Georges Frèche, qui voulait en faire une tribune de défense de sa politique environnementale calamiteuse.

Le Grenelle de l’Environnement

Nous avions été « mandatés », envoyés officiellement défendre nos convictions. Tout celà a été oublié ! Nous avions rédigé un corrigé du rapport final du Grenelle de Perpignan. Cliquez pour le lire.

Mon message sur le contrôle des ICPE a été inscrit sur le site du Gouvernement. Lisez le message adressé au forum du Grenelle de l’Environnement. Un commentaire a été laissé ! Rien ne semble avoir bougé depuis !

Ici, les lois issues du Grenelle de l’Environnement ont de la peine a être appliquées ?

Raymond Gimilio
Président de l’ODAM
Ingénieur de recherches (ER) du CNRS
Docteur de Sciences Biologiques mention Écologie
Ancien chargé d’études HN au Ministère de l’Environnement




Visite autour du Thôt

Nouveau logo carré

Info

Bonjour,

De 1965 à 2006, des millions de tonnes de déchets ont été mis en décharge en plein marais sur un site classé Natura 2000 ( appelé, le Thôt ), sans aucune précaution particulière.

Lorsque cette décharge était en activité, elle n’a jamais répondu aux réglementations en vigueur et même la loi n’a pas été respectée non plus dès 2001.

Des déchets, parmi les plus dangereux y ont été enfouis, lesquels, à ma connaissance, sans aucune évaluation des impacts sur l’environnement.

Comment ne pas s’interroger sur les mesures qui ont été prises depuis son arrêt en 2006 qui permettent bien d’éviter la diffusion de produits nocifs du sous-sol vers la nappe, les cours d’eau de proximité (le Rieucoulon, le ruisseau de Gramenet, la Mosson, le Lez) et l’Etang de l’Arnel ?

Aujourd’hui nous constatons que sa réhabilitation est incertaine et ne répond pas du tout à ce qui avait été annoncé par l’Agglomération depuis 2006 ( source : dossier de presse de l’Agglomération du 30 Juin 2006 et document du rapport de la cour des comptes du 26 Juillet 2011).

Après une visite du site début Mars 2020, celui-ci apparait particulièrement dégradé, dangereux, irrespectueux pour l’environnement et peut-être condamnable.

Avant d’adresser un courrier au Préfet sur l’état des lieux actuel avec le constat d’une réhabilitation incomplète,  d’un environnement pollué (air, sous-sol, eau),  l’absence d’information aux habitants et le souhait d’une future implication citoyenne de son suivi, le CIDES-34 organise deux visites du site.

Pour les personnes qui le souhaitent, deux visites sont prévues afin de constater l’état des lieux du site du Thôt :

Le Samedi 6 Juin 2020 à partir de 16H00

Le Lundi 8 Juin 2020 de 18H30 à 19H30

Rendez-vous à l’entrée de l’ancienne décharge, côté Maurin (au bout du chemin des jardins de Maguelone à proximité du ruisseau de Gramenet) « voir plan ».

Pour l’organisation, merci de me faire connaitre le nombre de personnes intéressées par une visite et quel jour.

Cordialement

Jacky Chanton

Carte ci-dessous


Le Thôt accès Gramenet

ici_on_s-honore_du_titre_de_citoyen

Le Secrétaire

Jacky Chanton

logo




Ancienne décharge “Le Thôt” à Lattes : 40 années de mauvaise gestion

Nouveau logo carré
L’ancienne dêcharge à ciel ouvert Georges Frêche du Thôt à Lattes témoigne de plus de 4O ans d’une gestion catastrophique et irresponsable : c’est le titre d’une contribution de Jacky Chanton.
Cliquez sur ce lien pour télécharger ce document et pour le consulter.

Voici  l’introduction :


Rappel succinct de son historique :
C’est une ancienne décharge de déchets ménagers qui est située sur la commune de Lattes, lieu dit le
«le Thôt ». L’autorisation préfectorale à exploiter cette décharge de 52 hectares a été validée en
Juillet 1967, mais on y constatera des dépôts dès 1965.
Eile se trouve en zone inondable, au cæur d’un site protégé.
Sa hauteur ne devait pas dépasser 2,50 mètres, mais lors de son arrêt définitif {fin juin 2006}, elle
mesurait 32 mètres.
Son utilisation n’a jamais été en conformité avec la règlementation en vigueur et même la loi ne sera
pas respectée non plus à partir de 2001(décharge non conforme) et à compter du l”er juillet 2002, les
installations d’élimination des déchets par stockage ne devaient être autorisées à accueillir que des
déchets ultimes.


cropped-logo-fond-bleu-clair-1.jpg

Le président

Raymond  GIMILIO

sego4-150x150




Réutilisation des eaux usées


Article republié du site The Conversation

Lien vers le site d’origine : cliquez ici


Réutilisation des eaux usées : quels sont les pays les plus en pointe ?

Julie Mendret, Université de Montpellier
Face à une pénurie d’eau mondiale, la réutilisation des eaux usées, aussi appelée « reuse » (issue de l’expression wastewater reuse en anglais) est une voie d’avenir. Une fois traitées, les eaux usées peuvent en effet être destinées à différents usages : l’irrigation des espaces verts ou des cultures, la lutte contre les incendies, le lavage des voiries ou encore la recharge des nappes phréatiques.
Certains pays ou États – comme l’Australie, la Californie, Chypre, l’Espagne, la Floride, Israël, la Jordanie, Malte ou Singapour – ont pour objectif de satisfaire de 10 à 60 % de leurs besoins en eau par la réutilisation des eaux usées épurées.
L’omniprésence des eaux usées permet d’envisager leur traitement sur l’ensemble des territoires à l’inverse du dessalement, autre solution pour pallier le manque en eau, cantonné aux zones côtières et qui se révèle très énergivore.

La France à la traîne

En France, la « reuse » reste peu développée. En cause : un manque de sensibilisation du public et une réglementation très stricte. Au sein de l’Union européenne, la directive du 21 mai 1991 précise que « les eaux usées seront réutilisées lorsque cela se révèle approprié ». Les pays européens ont donc chacun leur réglementation sur la réutilisation des eaux usées.
La France a ainsi défini des qualités requises pour la réutilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation de cultures ou d’espaces verts. Les professionnels du secteur militent pour un assouplissement de la loi qui encadre trop strictement la réutilisation d’eaux usées, avant tout pour des raisons sanitaires. La Commission européenne s’est récemment emparée de ce dossier et a émis en 2018 une proposition de réglementation dédiée à l’irrigation agricole avec pour objectif de faciliter la réutilisation de l’eau usée épurée.
Selon le contexte réglementaire local, la réutilisation des eaux usées connaît donc un développement inégal à l’échelle mondiale.
Certains pays développés soumis à une sécheresse intense se sont tournés depuis quelques dizaines d’années vers la réutilisation des eaux usées : le sud des États-Unis (Californie, Floride, Texas, Arizona, par exemple), l’Australie, Singapour, Israël et les pays du golfe persique. L’État de Californie, pionnier en matière de réutilisation des eaux usées, a instauré au début du vingtième siècle la première réglementation en ce sens. Depuis, cette réglementation a évolué avec des traitements toujours plus poussés pour garantir une eau de très bonne qualité dont de nombreux pays se sont inspirés.
En Europe, les besoins en eaux différents entre Nord et Sud : les pratiques de réutilisation des eaux usées sont ainsi plus répandues dans les pays du Sud. Dans certains cas cependant, comme en Grèce et en Italie, une réglementation trop stricte freine cet usage, car elle entraîne des coûts trop élevés pour le suivi de la qualité de l’eau (74 paramètres à suivre selon la réglementation grecque). En Espagne, pays européen le plus actif dans ce domaine, plus de 150 projets de reuse ont été implantés ces dernières années.

Une évaluation délicate

Si plus de soixante pays pratiquent la réutilisation des eaux usées à l’échelle mondiale, il est cependant difficile d’identifier lesquels réutilisent les plus gros volumes, en raison d’un manque de données normalisées.
En se basant sur les données disponibles, et si l’on considère les volumes annuels, la Chine, le Mexique et les États-Unis sont les pays qui réutilisent les plus grandes quantités, mais les deux premiers cités produisent des eaux de faible qualité liée à un niveau de traitement insuffisant.
En considérant la quantité d’eau réutilisée par habitant, le Qatar, Israël et le Koweït sont les mieux placés. Le Koweït, Israël et Singapour se placent aux premiers rangs si le critère considéré concerne le pourcentage d’eau réutilisée par rapport à la quantité d’eau totale utilisée. Enfin, si l’on considère les avancées technologiques, la Californie, Singapour et le Japon sont probablement les pays les plus novateurs.

La référence Singapour

Le cas de Singapour est mondialement connu et fait référence dans ce domaine. Du fait d’une densité de population très élevée, cette île de 699 km2 a dû faire face à une pénurie en eau accrue et s’est tournée vers la réutilisation des eaux usées après un traitement de pointe associant microfiltration, osmose inverse et rayonnement UV.
Cette eau, dénommée « Newater », est utilisée pour des applications industrielles et dans les tours de refroidissement mais une fraction est aussi mélangée avec de l’eau d’origine naturelle et alimente le réseau d’eau potable. De tels exemples de réutilisation directe pour la potabilisation sont rares, principalement en raison de barrières psychologiques.
La station de traitement des eaux usées de Windhoeck, en Namibie, est ainsi le seul exemple de réutilisation directe pour la potabilisation à grande échelle (21 000 m3/jour).

Des obstacles de taille

On le voit, si la réutilisation des eaux usées est une solution d’avenir, elle souffre d’un problème d’acceptabilité sociale : un récent sondage au Koweït a montré que les deux principales craintes relatives à la « reuse » pour un usage domestique étaient les risques liés à la santé (69 %) et une répugnance vis-à-vis de cet usage (44 %).
En outre, son application pour des usages plus ou moins restrictifs, tels l’irrigation, la recharge de nappe ou la consommation directe, pourrait se trouver limitée du fait de la qualité des eaux en question. En effet, les inconvénients majeurs de ces eaux sont leur salinité élevée, qui peut nuire à la productivité en agriculture et à la qualité des sols ; il y a aussi la présence de polluants émergents, dits « micropolluants », identifiés comme perturbateurs endocriniens.
Cependant, en France et à l’international, les laboratoires de recherche en traitement des eaux travaillent activement au développement de nouveaux procédés innovants, notamment basés sur le couplage de traitements physiques et chimiques qui permettront d’obtenir une qualité d’eau adaptée aux usages visés.
Julie Mendret, Maître de conférences, HDR, Université de Montpellier
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
cropped-logo-fond-bleu-clair-1.jpg

Le webmaster

Raymond  GIMILIO

sego4-150x150




Le retour en force du plastique

Article republié du site The Conversation

Lien vers le site original : cliquez ce lien


Le retour en force du plastique, dommage collatéral de la pandémie

Gants, masques, blouses… le plastique à usage unique, grand gagnant de la pandémie. Shutterstock

Ethel Eljarrat, Instituto de Diagnóstico Ambiental y Estudios del Agua (IDAEA – CSIC)

La principale préoccupation mondiale aujourd’hui est évidemment de vaincre le Covid-19, afin d’éviter de nouveaux morts et de nouvelles contagions. Une fois l’objectif atteint, la crise économique résultant de la pandémie sera le sujet le plus pressant.

Dans la situation actuelle, la question environnementale est relayée au second plan. Pourtant, nous qui nous dédions au sujet de la pollution ne pouvons pas baisser la garde.

L’arrêt brutal des activités économiques provoqué par le confinement mondial a provoqué quelques évolutions positives sur le plan environnemental : l’assainissement de la couche d’ozone etPandémieSanté l’amélioration de la qualité de l’air et des eaux.

Toutefois, nous avons également observé une croissance dans la production et la consommation de matériel plastique à usage unique. Cette hausse se traduit à la fois dans l’usage hospitalier que domestique et va probablement continuer à s’accentuer à mesure que nous avancerons dans le déconfinement des citoyens.

N’oublions pas que la pollution plastique constitue l’une des principales menaces environnementales de la planète, selon le dernier rapport du Programe des Nations unies pour l’environnement (PNUE) publié en 2019.

Le plastique à l’hôpital

Le plastique apparaît indispensable dans les équipements de protection individuelle dédiés au personnel soignant. Les masques qu’ils utilisent, les dénommés FFP, contiennent un matériau filtrant constitué d’un enchevêtrement de fibres plastiques qui retient les virus.

Outre les masques et les gants, les blouses imperméables, les lunettes, visières et écrans protecteurs pour le visage sont également faits de plastique. Mais ce dernier est également présent dans de nombres objets du matériel médical, comme les respirateurs et les ventilateurs, les seringues de polycarbone, les tubes médicaux en PVC, les poches de sang…

Du fait de la pandémie, le volume de déchets hospitaliers a augmenté de façon exponentielle. Dans les Asturies, en Espagne, ils ont par exemple été multipliés par quatre et sont évalués à 185 tonnes sur le seul mois d’avril.

À ces déchets hospitaliers s’ajoutent ceux générés dans les Ehpad et résidences pour personnes âgées. À Valence, toujours en Espagne, 134 tonnes de déchets issues de 20 de ces établissements ont été récupérées en moins d’un mois.

Tous ces résidus ne sont pas recyclables, ils sont donc voués à la décharge ou à l’incinération. Désormais, le problème réside dans les installations de traitement thermique des déchets hospitaliers qui commencent à saturer.

Dans les Asturies, ces traitements thermiques ont bondi de 307 %. Dans d’autres communes comme Madrid, il a été décidé de détourner une partie de ces déchets vers des installations de traitement des déchets solides urbains. Dans l’incinérateur de Valdemingómez, plus de 90 tonnes de déchets sanitaires ont été traitées depuis le début du mois d’avril.

Nous devons nous interroger sur le risque environnemental de ces procédés. Si les conditions optimales pour l’incinération de déchets à forte teneur en plastique ne sont pas réunies, des émissions de composés cancérigènes tels que les dioxines et les furannes pourraient être générées.

Plastique domestique

La vente de masques grand public commence à se généraliser, et nous serons probablement obligés d’en porter dans les transports en commun au cours des prochaines semaines et des prochains mois. Dans le monde entier, des millions de personnes portent des masques en plastique à usage unique. L’Italia a estimé qu’elle aurait besoin de 90 millions de masques par mois.

Malheureusement, nous commençons déjà à en voir flottant sur les plages dans l’archipel de Soko, situé entre Hongkong et Lantau, ce qui révèle une mauvaise gestion de ces déchets.

Lors d’une récente inspection des îles de Soko, l’équipe de Oceans-Asia a trouvé des masques chirurgicaux sur les plages.

Lorsque nous sortons dans la rue, nous utilisons d’autres objets en plastique à usage unique, comme les gants, les gels hydroalcooliques ou les lingettes désinfectantes. Après avoir été utilisés, ces équipements vont à la poubelle sans pouvoir être recyclés.

La pandémie du Covid-19 a également intensifié la consommation d’autres plastiques jetables, comme les poches, les bouteilles d’eau, les emballages pour la livraison à domicile de nourriture ou de commerce en ligne. Un rapport d’Ecoembes signale que depuis le début de l’état d’urgence en Espagne, la collecte de déchets a augmenté de 15 % dans les poubelles jaunes. Cette augmentation s’explique par la hausse de la consommation au sein des foyers du fait du confinement.

La pandémie modifie beaucoup de nos habitudes quotidiennes. Nous préférons désormais acheter dans les grandes surfaces, où tout se vend plus emballé, afin de tout acheter dans le même supermarché.

Nous optons aussi davantage pour des sacs jetables plutôt que réutilisables, par crainte qu’ils aient été contaminés. Toute la matière plastique est jetée, surtout quand on sait que le coronavirus peut rester dans le plastique pendant deux à trois jours.

Nouveaux usages du plastique dans les prochains mois

Maintenant que nous entrons dans une phase de déconfinement progressif, les différents espaces publics se préparent pour limiter le contact entre les personnes et maintenir les distances de sécurité.

Le recours à des écrans protecteurs se développe pour fournir une barrière physique entre client et travailleurs. Ces vitres ont déjà été installées dans les pharmacies et les supermarchés, et leur usage pourrait s’étendre aux avions et aux bars et restaurants (dans des pays qui les rouvrent déjà).

L’entreprise italienne Nuova Neon Group a même conçu des cabines pour maintenir les distances de sécurité sur les plages. Elles ressemblent à celles utilisées dans les hôpitaux de campagne créés dans certains pays pour pallier la saturation du système sanitaire.

Ces écrans et ces cabines sont fabriqués avec du méthacrylate, connu aussi sous le nom de plexiglas. Ce matériau plastique transparent, incassable, flexible et résistant est issu du propylène, un des produits provenant du pétrole raffiné.

Comme toute matière plastique, l’emploi du méthacrylate implique différents additifs chimiques tels que les retardateurs de flamme ou les filtres solaires.

En ce qui concerne les retardateurs de flamme, ces composés sont ajoutés pour diminuer l’inflammabilité du matériau. Ce sont des contaminants très persistants dans l’environnement qui s’accumulent dans les organismes vivants et peuvent avoir sur eux, y compris sur les personnes, des effets nocifs tels que des dommages neurologiques, des perturbations endocriniennes ou des cancers.

Les filtres solaires contiennent de leur côté des substances, parmi lesquelles les benzotriazoles, qui s’appliquent comme des protections contre la radiation UV. Ils sont également très mauvais pour la santé et agissent comme des perturbateurs endocriniens.

Ces vitres et ces cabines ont une durée de vie d’une dizaine d’années. Mais en réalité, ce matériel sera délaissé une fois la crise sanitaire passée, générant une grande quantité de déchets plastiques. Nous devrons être capables de les gérer correctement, en évitant qu\’ils engendrent des dégâts environnementaux sur les écosystèmes terrestres et aquatiques.

\"\"
Vitres de protection. Colleen Michaels/Shutterstock

Un pas en arrière dans la réduction du plastique ?

Jusqu’à l’arrivée de la pandémie, l’année 2021 apparaissait cruciale dans la lutte contre l’utilisation abusive du plastique. Surtout ceux à usage unique, qui devraient être interdits dans l’Union européenne.

Ainsi, le 6 mars dernier, la France signait le Pacte plastique européen, une initiative dont l’objectif est de réduire ses usages superflus.

Il est ironique de constater qu’avant la crise, la société avait pleinement pris conscience des problèmes environnementaux induits par le plastique. La nécessité de contenir la propagation du virus a toutefois provoqué sa réémergence comme matériau indispensable.

Regardons par ailleurs l’aspect économique. Les prix du pétrole, extrêmement bas permettent de fabriquer beaucoup de plastiques à un prix dérisoire. Certains parlementaires européens ainsi que certains lobbies industriels, entre autres les transformateurs de plastique, sollicitent un relâchement des standards environnementaux afin de les aider à se relever économiquement. Il demandent ainsi que soit retardée d’au moins un an la mise en place de la Directive plastiques et que soient levées des interdictions sur certains articles à usage unique.

Pour des raisons d’hygiène et de santé, il est évidemment impossible d’interdire le recours aux plastiques à usage unique pendant l’état d’urgence sanitaire. Mais il est essentiel d’éviter qu’une fois la crise résolue émerge un problème environnemental majeur.

Il devient urgent de développer des matériaux alternatifs aux plastiques, plus biodégradables et plus recyclables, et d’avancer dans la conception d’additifs chimiques moins polluants. Si nous disposions aujourd’hui de telles solutions, l’explosion actuelle de l’usage du plastique n’affecterait pas aussi négativement l’environnement.\"The

Ethel Eljarrat, Investigadora Científica del Departamento de Química Ambiental, Instituto de Diagnóstico Ambiental y Estudios del Agua (IDAEA – CSIC)

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.




Rudologie ou la science des déchets

Article republié avec autorisation de The Conversation

Lien vers le site original : cliquez ici


Pourquoi certaines villes européennes gèrent-elles mieux les ordures que d’autres ?

Ian Williams, University of Southampton
Après huit mois de crise des poubelles, Beyrouth et sa banlieue recommencent peu à peu à respirer, à mesure que les camions dégagent vers des décharges temporaires les montagnes d’immondices accumulées dans les rues. Ces perturbations ont débuté en juillet 2015 lorsque la décharge principale de la capitale libanaise fut fermée à la suite de plaintes de riverains. Aucune alternative n’ayant été proposée à l’époque, les ordures ont commencé à s’entasser en périphérie, jusqu’à atteindre la ville elle-même.
Face à de telles situations, les Européens ont tendance à se féliciter de l’efficacité de leurs systèmes de collecte et de gestion des déchets. Mais la récente crise provoquée par une grève des éboueurs dans la ville de Malaga en Espagne – aboutissant à des amas gigantesques d’ordures – a cependant montré que les membres de l’Union européenne connaissaient des fortunes bien différentes.
Ces problèmes ne datent pas d’hier et la Campanie, une région du sud de l’Italie, a vécu depuis le milieu des années 1990 de nombreux épisodes compliqués dans la gestion des déchets ; les zones situées entre Naples et Caserte ont même reçu le surnom de « terres des feux », en référence à ces brasiers destinés à faire disparaître des déchets illégaux et dangereux en grande quantité.
La situation a atteint une telle gravité, qu’en 2007, l’ambassade des États-Unis à Rome a mis en garde les visiteurs américains de possibles risques sanitaires à Naples et dans ses environs. Le secteur touristique napolitain souffre toujours aujourd’hui de sa mauvaise réputation concernant la saleté de ses rues.

""
À Naples, les poubelles font partie du décor. waxorian/Flickr, CC BY-NC-ND

Comment expliquer que des États européens gèrent efficacement leurs déchets quand d’autres frôlent régulièrement la catastrophe ? Après tout, l’Union européenne (UE) a bien émis des directives concernant les ordures ménagères. On pourrait donc s’attendre à une relative homogénéité. Pourquoi n’est-ce pas le cas ?

De grandes disparités au sein de l’UE

Il faut d’abord souligner que la quantité de déchets ménagers varie considérablement d’un pays européen à l’autre : il est, par exemple, de 747 kg par personne au Danemark contre 272 kg par personne en Roumanie pour l’année 2013. Ces différences reflètent des situations contrastées sur le plan économique, au niveau des pratiques de consommation, mais également dans la manière dont les ordures sont collectées et gérées.
Si la mise à la décharge a constitué pendant longtemps la méthode principale de traitement des ordures ménagères au sein de l’UE, il y eut, en 1975, un tournant quand la législation européenne introduisit une « hierarchie » dans la gestion des déchets.

""
La hiérarchie du traitement des déchets. DR

Celle-ci rangeait, par ordre de préférence, différentes mesures relatives à la réduction et au traitement des déchets. La prévention faisait son apparition : il pouvait s’agir d’utiliser des structures respectueuses de l’environnement, de mettre en place des programmes préventifs ou des mesures dissuasives comme les taxes sur la mise en décharge. Dans cette optique, la priorité est toujours donnée à la réutilisation, puis au recyclage (pour produire de la chaleur ou de l’électricité, par exemple) et, enfin, à l’élimination.
L’adoption de cette hiérarchie n’avait rien d’obligatoire, mais il y avait une attente pour que ces recommandations trouvent leur place dans la gestion locale des déchets. On espérait que cette hiérarchie protégerait l’environnement, conserverait certains matériaux et réduirait le nombre de déchets produits.

Sortir du tout décharge

Pendant une vingtaine d’années, très peu de pays prirent en compte cette hiérarchisation et la mise en décharge se poursuivit à vive allure à travers toute l’Europe jusque dans les années 1990. À partir de 1999 cependant cette question devint une priorité politique et conduisit à l’adoption de la directive européenne sur les déchets.
Des objectifs précis furent fixés, non pas pour réduire la part de déchets envoyés à la décharge, mais pour faire baisser celle des déchets d’origine végétale et alimentaire. D’autres directives ont depuis souligné la nécessité pour les États membres d’adopter la hiérarchie de traitement des déchets. La plus importante d’entre elles fut la directive européenne cadre sur les déchets, introduite en 2008, et qui a fixé pour objectif que 50 % de tous les déchets ménagers devront être recyclés d’ici à 2020.
Mais ces objectifs n’offrent aucune garantie de gestion efficace des déchets en Europe. Tout d’abord parce que de nombreux pays ne respectent pas les directives européennes et n’en subissent aucune conséquence ; ainsi, la Bulgarie, la République tchèque, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie n’ont pas atteint les objectifs fixés pour 2010 et 2013 relatifs à la gestion des déchets biodégradables.
De plus, chaque pays a adopté une approche différente, si bien qu’on assiste aujourd’hui en Europe à une infinité de combinaisons entre le recyclage, le compost, l’incinération et la mise à la décharge. Ce sont les pays d’Europe du Nord et d’Europe centrale qui ont accompli les plus grands progrès en matière de gestion des déchets, en s’éloignant du tout décharge : la Belgique, le Danemark, l’Allemagne, l’Autriche, la Suède et les Pays-Bas envoient ainsi moins de 3 % de leurs déchets ménagers à la décharge. Les pays de l’Est et du Sud de l’Europe n’ont pour leur part fait que très peu de progrès, voire aucun.

Faire des déchets une ressource

Les raisons pour rendre compte des disparités sont complexes, mais on peut cependant avancer la disponibilité des financements, la volonté politique et sociale, les compétences techniques, la planification appropriée des cadres juridiques et un large éventail de facteurs sociaux, démographiques, culturels et administratifs. L’idée que les décisions doivent être prises aussi près que possible des citoyens signifie également que les États membres sont tenus de trouver des stratégies de gestion des déchets en fonction de leur population, plutôt que d’adopter une approche uniforme.
Entre temps, les pays d’Europe de l’Est qui ont récemment rejoint l’Union – comme la Lituanie, la Slovaquie et la Lettonie – n’ont pas été contraints d’adopter la hiérarchie du traitement des déchets comme principe directeur. Cette dernière n’est en effet pas simple à mettre en œuvre : les nouvelles lois doivent être traduites dans les systèmes de collecte et le tri sélectif pour différents types de déchets établi.

""
Le système de collecte des déchets à Barcelone. Wikimedia Commons, CC BY-SA

Il existe toutefois des exemples à suivre. Les pays dotés d’une bonne gouvernance politique, d’une capacité d’accord entre les différents partis sur les questions environnementales – tels que l’Allemagne, le Danemark, la Norvège et la Suisse – ont tendance à bien gérer leurs déchets. Les pays qui considèrent les déchets comme des ressources ont en outre trouvé de nouvelles manières de les utiliser.
La Belgique recycle, par exemple, les métaux précieux tels que l’or et le platine contenus dans les produits électroniques ; l’Allemagne récolte le biogaz via la décomposition des matières organiques ; le Pays de Galles a mis l’accent sur l’incitation au tri efficace des déchets pour un recyclage performant permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre. On peut aussi évoquer l’utilisation de la technologie automatisée, tels ces systèmes de collecte de déchets par aspiration qui ont contribué au maintien de la propreté dans les rues de Barcelone, Londres ou Copenhague.
La protection de l’environnement est devenue une préoccupation globale et, dans ce cadre, les bénéfices politiques, commerciaux et sanitaires d’une bonne gestion des déchets sont évidents. Avec le temps, ces bénéfices devraient inciter tous les pays à gérer efficacement leurs déchets, sachant que dans les décennies à venir celle-ci concernera davantage les modes de vie et que la gestion des déchets proprement dite."The
Ian Williams, Professor of Engineering and the Environment, University of Southampton
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
cropped-logo-fond-bleu-clair-1.jpg

Le webmaster

Raymond  GIMILIO

sego4-150x150




Poubelles : les frontières

18

Météorite de déchets, reconstituée en 2013 dans la ville de Genêve (installation par Fresh agency). Mickaël Fonjallaz/Flickr, CC BY

François Lévêque, Mines ParisTech

La Chine n’accepte plus de recevoir nos déchets. Depuis un an les bateaux remplis de papiers-cartons et de plastiques à recycler n’abordent plus Hong Kong et les ports du Guandong. La Chine va perdre son rang de débouché mondial numéro 1 pour les poubelles et la ferraille, une sérieuse perturbation dans le marché international des ordures.

Les déchets, un marché mondial

Ne croyez pas en effet que les déchets ne voyagent pas en raison de leur poids et de la loi. Les bouteilles plastiques vides écrabouillées que vous déposez consciencieusement dans la poubelle jaune ont quelques chances de se retrouver en Asie après un long trajet en bateau. Elles y seront recyclées. Enfin… normalement, car si le plastique est un tant soit peu contaminé par d’autres matières, il ira se décomposer – compter 400 ans – dans une décharge locale de là-bas. Idem si les capacités de recyclage sont saturées ou si le prix du granulé de plastique est déprimé.

Les téléviseurs, ordinateurs et téléphones hors d’usage parcourent aussi de longues distances en conteneur avant être désossés, certaines pièces revendues, les métaux de valeur récupérés, et le reste mis en décharge. Ils se retrouveront encore une fois en Chine ou en Inde mais aussi au Nigeria ou au Ghana. Si vous résidez dans l’Union européenne, il est toutefois très peu probable que vos déchets électriques et électroniques se retrouvent dans ces contrées lointaines. Ils y seraient alors parvenus illégalement. Leur route pour l’Afrique dans le coffre et sur les sièges de véhicules d’occasion exportés est l’une de ces voies détournées.

Les expéditions d’appareils électroniques usagés vers les pays en développement sont interdites en Europe au même titre que d’autres déchets dangereux. L’Union a en effet édicté ses propres règles en la matière et a signé la Convention de Bâle, un traité international qui condamne le commerce de déchets toxiques pour la santé et l’environnement avec les pays du Sud.

Un marché (plus ou moins) encadré

Les États-Unis, qui n’ont pas ratifié ce traité, sont plus libres de leurs mouvements. La preuve par l’image : pour suivre leur périple, des scientifiques du MIT ont posé des mouchards sur des ordinateurs et des téléviseurs mis au rebut aux États-Unis.

Un résultat parmi d’autres de la carte animée ci-dessous : un appareil à tube cathodique prend son départ à Chicago, il flâne deux mois avant d’arriver à New York, traverse l’Atlantique, poursuit sa croisière en Méditerranée, descend par le canal de Suez, navigue dans les eaux de la mer Rouge et du golfe d’Aden, fait escale dans un port d’Arabie saoudite avant d’être débarqué à Karachi et de terminer son voyage en camion jusqu’à Faisalabad, près du Cachemire. 186 jours, 18 015 km pas mal, non ?

Pour voir les voyages des déchets à partir de ce site, il fait attendre le chargement puis cliquer sur « Explore ». http://senseable.mit.edu/monitour-app/

Je vous accorde que poser des puces sur les ordures est une expérience moins sentimentale que de fixer une balise Argos sur les oiseaux migrateurs ou les tortues luth. Mais c’est autant instructif : un tiers des déchets ainsi tracés ont été attirés par le lointain, deux tiers ont préféré rester aux États-Unis.

À propos, pourquoi interdire ou autoriser le commerce Nord-Sud de déchets ?

Déchets non-dangereux et déchets toxiques

S’il s’agit de déchets non dangereux pour recyclage, le commerce Nord-Sud est avantageux pour tous. Prenons l’exemple du granulé de plastique issu de vieilles bouteilles d’eau. Utilisé comme matière première pour de nouveaux emballages, il diminue la production de plastique vierge. C’est la double vertu du recyclage : moins de volume en décharge ou en incinérateur et moins de pétrole ou de minerais et leurs lots d’effets négatifs sur l’environnement. C’est en principe mieux pour la Chine de faire appel également à des gisements secondaires pour étancher sa soif de matières premières et c’est en principe mieux aussi pour les pays exportateurs d’augmenter la récupération.

Le taux de recyclage des déchets plastiques de la planète n’atteint que 9 %. Il serait encore moindre sans les débouchés asiatiques. D’un point de vue économique rien à signaler de particulier a priori : une demande croissante dans cette partie du monde pour les déchets recyclables en fait croître le prix de vente, ce qui augmente les flux à l’export et intensifie la concurrence internationale entre recycleurs.

Du point de vue de l’environnement même chose. Le transport des déchets sur longue distance est certes responsable d’émissions polluantes mais les bateaux repartiraient de toute façon en Chine et vides ou pleins de bouteilles plastiques ou de papiers-cartons cela ne fait pas beaucoup de différence sur le fioul lourd consommé et les émissions de carbone et particules fines associées. Le transport de déchets représente la moitié du trafic transpacifique de conteneurs entre l’Amérique du Nord et l’Asie. Le trait est cependant volontairement forcé. Nous verrons plus bas, en particulier pour la Chine, que ce n’est pas si rose.

Pour les déchets dangereux, il y a une très mauvaise raison à laisser sans entrave les exportations vers le Sud. Elle a été formulée par Larry Summers, un ancien économiste en chef de la Banque mondiale. Figurez-vous qu’il la croyait bonne ! (Lawrence Summers, memo interne, Banque mondiale, cité dans The Economist, 8 février 1992) :

« Je pense que la logique économique derrière la mise en décharge de déchets toxiques dans les pays à bas salaires est impeccable et qu’on doit l’accepter… J’ai toujours pensé que les pays sous-peuplés d’Afrique sont considérablement sous-pollués. »Chantier de destruction et. Adam Cohn/Flickr, CC BY-NC-ND

Coût marginal et réglementations environnementales

Pourquoi un tel propos est-il consternant et atterre-t-il aujourd’hui plus d’un économiste ? Il est choquant, bien sûr, mais surtout, il est tout simplement faux. L’efficacité économique veut en effet que la dépollution se réalise au moindre coût, là où le coût marginal est le plus bas. Mais il s’agit du coût social, c’est-à-dire par exemple ici du coût privé de l’opérateur qui assure la mise en décharge (par simplicité, je suppose que le coût de transport des déchets est nul) auquel il faut ajouter le coût des effets externes, soit le coût des dommages sanitaires et environnementaux. Comme ce dernier coût n’est pas pris en compte spontanément par le marché, la théorie économique prévoit dans ses modèles d’équilibre qu’une autorité publique l’internalise, par exemple via l’imposition d’une taxe de mise en décharge. Le flux efficace de déchets se dirige vers les zones de faible coût marginal social.

Mais patatras ! Figurez-vous que certains pays n’ont pas de réglementations environnementales ou en ont mais ne les appliquent pas. L’efficacité économique de l’échange n’est plus alors au rendez-vous. À coût privé de gestion des déchets identique entre deux pays, celui où les atteintes à la population et à l’environnement ne sont pas comptabilisées emporte indûment le marché. Interdire l’exportation de déchets dangereux vers certains pays est donc justifié d’un strict point de vue économique.

Notez au passage que la théorie économique n’impose pas que les réglementations environnementales soient les mêmes partout. Si les habitants autour de la décharge sont moins nombreux, ou si la population locale est moins sensible à la qualité de son environnement, ou encore si ce dernier est moins menacé, les coûts externes sont plus faibles et la réglementation doit être moins exigeante ; inversement, si la population est plus nombreuse ou soucieuse de l’environnement ou ce dernier plus fragile elle doit être plus exigeante. Ce qui choque l’économiste n’est pas de voir des enfants s’empoisonner à petit feu sur un tas de déchets toxiques (même si leur cœur aussi se serre) mais que des autorités publiques nationales ou locales n’en tiennent aucun compte.

Un accord international inefficace

Malheureusement, la Convention de Bâle n’a quasiment pas d’effets. Une analyse économétrique approfondie a montré qu’elle n’est à l’origine que d’une très faible réduction des flux de déchets dangereux du Nord vers le Sud. Ce n’est pas une surprise car, comme pour tout accord volontaire, les contraintes pour ceux qui s’engagent reviennent à faire à peine mieux que ce qu’ils font déjà ou prévoyaient de faire tout seuls. Les autres pays ne signent pas.

En tout état de cause, le commerce des déchets dangereux correspond majoritairement à un échange entre pays du Nord à l’instar des autres déchets, et d’ailleurs aussi des marchandises en général. Ainsi les dix premiers importateurs mondiaux de déchets sont tous des pays développés à l’exception de la Chine et de la Turquie ; et la moitié parmi ces plus grands importateurs fait également partie des dix premiers exportateurs.

Un modèle simple dit de gravité permet d’expliquer cette situation : comme pour l’attraction des planètes, les pays s’échangent d’autant plus entre eux que leur masse économique est élevée et que la distance qui les sépare est petite (voir appendice). Or les pays du Nord sont plutôt riches et plutôt proches les uns des autres.

Plastiques (au Tibet…). Carsten ten Brink/Flickr, CC BY-NC-SA

Flux mondiaux et problèmes planétaires

Mais, comme pour n’importe quel bien échangé, la distance et la richesse économique ne sont évidemment pas les seuls déterminants des flux de déchets. Une langue commune, une frontière partagée, ou un lien colonial passé expliquent aussi en partie le commerce entre les pays. Dans le cas des déchets une variable originale pourrait jouer un rôle : la sévérité de la politique environnementale. Dans quelle mesure un différentiel entre deux pays en la matière agit-il sur les flux ? L’effet est-il significatif ? Son poids est-il grand par rapport aux déterminants classiques des échanges internationaux ?

Ces questions sont d’autant plus importantes que l’exportation de déchets revient à un déplacement de pollution locale. L’émission de CO2 d’une entreprise chinoise dont nous achetons le produit alors qu’il était auparavant fabriqué en France ne change rien car l’effet de serre est un problème global. Peu importe d’où est émise une tonne carbone, que ce soit en France, au Canada ou en Malaisie. En revanche, si les déchets sont mis en décharge dans un autre pays les habitants du pays exportateur sont débarrassés des effets de leur pollution. En d’autres termes, il serait bon de savoir si la sévérisation des normes environnementales, par exemple pour les décharges ou les incinérateurs en France, a surtout pour conséquence de rendre les installations moins polluantes ou surtout de se débarrasser de leur pollution en l’envoyant ailleurs.

Sévérité des législations et commerce mondial

On dispose d’éléments de réponse mais pas de résultats tranchés. La difficulté réside dans l’absence de données objectives pour mesurer la sévérité des réglementations environnementales. En première approximation, elle peut être estimée par la richesse par habitant. L’idée sous-jacente est que plus cette dernière est élevée, plus les citoyens demandent une qualité élevée de leur environnement et plus sévères sont les réglementations. Une étude économétrique a ainsi mis en évidence que plus la richesse par habitant est grande moins le pays importe de déchets dangereux. Mais cette variable indicatrice de la sévérité joue un rôle beaucoup moins important que la distance entre pays.

Une autre approche consiste à apprécier la sévérité environnementale plus directement à partir de données d’enquêtes. Un chercheur de l’Université du Montana a par exemple forgé un indice de sévérité croissante de 0 à 100 à partir de réponses obtenues auprès de 10 000 dirigeants d’entreprises d’une centaine de pays. Son étude économétrique établit qu’une diminution de 10 % de la distance augmente de 15 % le commerce de déchets tandis qu’une chute de l’indice de sévérité de 10 % l’augmente de 3 %. Notez que dans les deux études il s’agit d’estimations de coefficients de corrélation et non de la démonstration de liens de causalité. Or corrélation n’est pas causalité car il peut y avoir des variables cachées communes derrière les corrélations (les quantités vendues de crème solaire et de crème glacée sont fortement corrélées mais sans lien de cause à effet) ou encore parce que les variables sont accidentellement liées (le taux de divorce dans le Maine est quasi-parfaitement corrélé avec la consommation de margarine aux États-Unis). Ne suivez pas Coluche qui recommandait, faussement naïf, que « Quand on est malade il ne faut surtout pas aller à l’hôpital : la probabilité de mourir dans un lit d’hôpital est dix fois plus grande que dans son lit à la maison. »

La Chine-poubelle, c’est fini, le reste de l’Asie en « profite »

Mais revenons à la décision chinoise d’interdire l’entrée de déchets étrangers sur son sol. Elle marque la fin d’une époque, celle d’une Chine atelier du monde assoiffé de matières premières et sans égard pour les pollutions locales et les populations qui les subissent. À travers sa politique industrielle en faveur des hautes technologies, la Chine ambitionne désormais de devenir le laboratoire du monde. Rester la poubelle de la planète en absorbant plus de la moitié des importations mondiales de déchets et ferrailles fait tache.

Traitement de déchets d’imprimantes à Guiyu, en Chine, en 2013. baselactionnetwork/Flickr, CC BY-ND

De plus, la réduction des pollutions locales est devenue une priorité. Or le recyclage des déchets s’il est improprement mis en œuvre et n’est pas correctement contrôlé contribue significativement à la pollution. Environ 15 % du plastique importé en Chine pour être recyclé ne l’est pas et une partie des quantités recyclées le sont dans des conditions très préjudiciables pour la main d’œuvre et l’environnement local.

Enfin, la Chine a à faire avec ses propres déchets dont les quantités sont devenues considérables avec l’essor de la consommation. Pourquoi par exemple gonfler le volume de plastiques à traiter de 10 % par l’importation ? D’autant que le taux de recyclage de la production domestique reste faible, d’environ 10 % aussi, et que le même pourcentage se retrouve dans l’océan, la Chine arrivant très largement en tête des pollueurs de la mer par les plastiques.

La décision chinoise a créé un choc économique. Elle a entraîné une réorientation partielle des flux de déchets vers d’autres pays d’Asie, notamment en Thaïlande, Malaisie et Vietnam. Mais devant cet afflux et leur capacité de traitement limitée et sans commune mesure avec leur voisin chinois, ces pays envisagent à leur tour d’imposer des restrictions à l’importation. Pendant ce temps, aux États-Unis, en Europe ou encore en Australie des monceaux de déchets plastiques et de papier-cartons s’accumulent. En outre, en réduisant la demande, la fin du débouché chinois provoque un effondrement du prix des plastiques et papiers-cartons à recycler, ce qui fait le bonheur des recycleurs dont certains reçoivent de l’argent pour transformer les déchets alors qu’ils devaient auparavant en donner.

À plus long terme, la décision chinoise n’est pas sans avantages à Beijing comme ailleurs. Elle devrait inciter les gouvernements à adopter des politiques nationales de recyclage plus ambitieuses, les industriels à investir en R&D et dans la technologie et les consommateurs à mieux maîtriser leur production de déchets.

En attendant, maintenant que vous savez que vos déchets peuvent partir au loin, qu’ils font de vous dans ce cas un exportateur de pollution locale, à vous de modifier votre comportement en consommant par exemple moins d’emballages plastiques. Ou à ne rien changer de vos habitudes ! Cette chronique vise à vous faire mieux comprendre l’économie non à dicter vos règles de conduite.


Appendice : La gravité du commerce international

« Les astres s’attirent de façon proportionnelle au produit de leur masse et inversement proportionnelle au carré de la distance ». Cette loi de la gravitation inspirée par la chute d’une pomme à Newton lors d’une promenade nocturne dans un verger du Lincolnshire a elle-même inspiré un économiste hollandais, Jan Tinbergen, pour décrire les échanges internationaux. Ce n’est pas une coïncidence car Tinbergen qui fut le premier récipiendaire du prix de la Banque de Suède en sciences économiques est docteur en physique.

Appliquée au commerce entre les nations, la loi de gravitation devient « Le volume d’échanges entre deux pays est proportionnel à leur poids économique et inversement proportionnel à la distance »..

Soit l’équation :

VAB=G(PIBAxPIBB)/d

Où G est une constante, PIBAle produit intérieur brut du pays A, PIBBle produit intérieur brut du pays B et d la distance entre les deux pays.

En réalité, l’équation de gravité est un peu plus compliquée avec PIBA, PIBB et d élevés à des coefficients de puissance, mais les travaux économétriques fondés sur les échanges observés montrent que ces coefficients sont en général proches de 1. Autrement dit, en simplifiant, le volume des échanges augmente de 10 % lorsque la richesse du pays d’origine ou du pays de destination augmente de 10 % et diminue de 10 % lorsque la distance diminue de 10 %.

Les trois variables, richesse du pays A, richesse du pays B et distance permettent d’expliquer une grande partie des flux bilatéraux entre les pays. Il en donne une image juste à 80 %. Pour mieux coller encore à la réalité, il faut compliquer un peu les choses. Changer la mesure de la distance par exemple. Définie comme le nombre de kilomètres à vol d’oiseau séparant les capitales, elle sous-estime le poids des réseaux de transports et les obstacles naturels qu’ils doivent franchir.

Dans les modèles d’aujourd’hui, la distance est mesurée dans les modèles par le coût de transport ou mieux encore par l’ensemble des coûts de transaction, c’est-à-dire y compris ceux des formalités administratives et des barrières tarifaires ou non. L’ajout d’autres variables permet également d’augmenter la précision de l’image, en particulier l’existence d’un lien colonial entre les pays, le partage d’une même langue et la présence d’une frontière commune, trois paramètres qui augmente les flux d’échanges bilatéraux. Contrairement aux astres, l’attraction ou la répulsion entre pays dans leurs échanges dépend aussi de l’histoire et de la géographie.

François Lévêque, Professeur d\’économie, Mines ParisTech

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.